l’ADN du street artist
3 janvier 2023
Affiche “Contre l’État bourré, avec Vauban, Etat de siège au père Lachaise” – Citadelle de LILLE, 2022.
S’approprier les codes pour mieux les décaler. Eviter les redites, les lieux communs. Etonner. troller la ville. Être impertinent, libre. C’est l’essence du travail de Mike.
On ne sait pas si les jeux de mots ont été appréciés par tout le monde, mais les affiches “Vauban” ne seront pas restées en place bien longtemps. Si au premier abord, elles semblent contestataires, c’est exactement le but. Avec leurs codes rouges et noirs, et leurs typos artisanales, elles puisent dans le vocabulaire inconscient de la propagande politique. Principalement disposées dans l’environnement Lillois de la Citadelle et du bois de Boulogne, elles ont fini décollées, arrachées, recouvertes, comme leur destin éphémère les y prédisposait.
Erosion urbaine. La nature des oeuvres, de leurs supports, les emplacements plus ou moins exposés, les vicissitudes de la vie urbaine, les affres de la météo, abrègent l’existence de ces visuels. Il est dans la nature du street art d’évoluer au gré des abrasions. L’artiste a cependant développé un sens affuté de l’observation, forgé par l’habitude il applique ses graphismes avec malice, tentant de résoudre l’équation visibilité/durabilité…
Jeu de pistes. Mike Peter Henry se sert des chutes de toiles de l’atelier pour parsemer ses parcours urbains de petites oeuvres offertes au regard et à la collection. Un étudiant rencontré lors de l’écriture de ce papier nous a expliqué en avoir récupéré trois sur le parcours de jogging, concomitamment à une exposition de MPH en galerie non loin de là. Une bonne affaire pour l’aficionado, qui vante la valeur historique de ces pièces extraites de leur milieu naturel.
Jooris prudence. Près de l’ancien stade bien connu des lillois, se dresse une petite stèle hommage à une personnalité locale. Celle-ci a depuis longtemps perdu le portrait en médaillon qui l’ornait. Dans les photos de Mike figurent cet épisode qui résume assez bien son action discrète à l’humour décalé. L’artiste avait collé un portrait de Grimonprez-Jooris en lieu et place de l’original disparu. Comme à son habitude, les jeux de mots n’étaient jamais loin. On ne sait combien de temps cette petite oeuvre est restée en place, mais elle a à son tour pris la poudre d’escampette. La boucle était bouclée.
L.M. 2022